Journal de bord du Dr. Ayers

Dr. Talen Ayers

Journal de bord

Ludwig van Beethoven disait : "Les tons résonnent, rugissent et tempêtent en moi jusqu’à ce que je les couche sur la partition." C’est un adage qui m’a accompagné pendant toute ma carrière.

Beethoven était un compositeur brillant, que les vagabonds terriens qui ont élu résidence dans le secteur de Koprulu ont largement oublié. Mais j’ouvre ce journal sur ces mots, dans le vain espoir que mon travail ici puisse un jour égaler, dans le domaine scientifique, la portée de l’héritage musical que ce grand homme a laissé à l’humanité.

Non, la modestie n’a jamais été ma qualité la plus remarquable. Ce n’est pas la modestie qui m’a tiré de la cabane de fermier mal isolée dans laquelle je suis né. Ce n’est pas la modestie qui m’a permis de sortir avec les félicitations de l’Université de Tarsonis et m’a donné mes deux doctorats à l’Académie de Korhal, ou qui a aidé mes premières recherches à devenir le premier traité de xénobiologie à figurer sur la liste des livres à succès de l’Augustgrad Times. Que la modestie reste à sa place : enfoncée bien au fond de la gorge de ceux qui ne sont pas assez ambitieux pour saisir la vie et l’univers à pleines mains.

Malheureusement, c’est aussi ce manque de modestie qui m’a fait échouer ici. Comment les yeux omniprésents du Dominion pourraient-ils ignorer les fruits de mon intellect ? Un intellect que Michael Liberty a qualifié de "trésor interplanétaire" dans sa présentation sur UNN. Comment l’armée du Dominion pourrait-elle résister au besoin de faire travailler mes inestimables neurones à son profit ?

Je m’occupais à publier de précieuses découvertes à l’attention des masses populaires… et donc, pas à aider ces idiots de l’armée à transformer le savoir en armement. Bien sûr, ce n’est pas uniquement par altruisme que je partageais les fruits de mon labeur : les masses populaires m’ont rendu riche. D’après Ken, mon agent, Les Aliens par Ayers avait déjà passé la barre des dix millions d’exemplaires.

C’était à peine une semaine avant que je sois enrôlé brutalement, tiré de ma chambre à coucher. Par un fantôme. Je sais, on dirait un roman de Dickens. Mais contrairement au ravisseur nocturne de Scrooge, mon fantôme à moi avait un couteau, un fusil et le pouvoir télékinétique de me faire perdre le contrôle de ma vessie. C’est bien un de leurs pouvoirs, non ?

Enfin, quoi qu’il en soit, je suis là. Le centre de recherche Rochenoire est exigu, mal aéré, et souffre d’un navrant manque de fenêtres. Le directeur du projet est si arrogant que je suis surpris que les architectes aient réussi à faire tenir son crâne démesuré sur un si minuscule astéroïde. Pour ne rien arranger, le bon docteur Branamoor semble avoir développé une bien piètre opinion de moi, et paraît désormais déterminé à rendre mon séjour ici encore plus insupportable. À mon grand étonnement, j’ai le plus grand mal à me lamenter sur mon présent état d'inconfort, grâce aux incroyables ressources mises à notre disposition. J’ai travaillé dans certains des plus prestigieux laboratoires du secteur de Koprulu, et je n’avais encore jamais vu d’outils du niveau de puissance et de précision qui est à présent à ma disposition. Je n’avais non plus jamais vu une telle abondance d’échantillons rares et uniques de tissu xénomorphe. Une rumeur dit que Branamoor dispose de connexions au marché noir, et je ne souhaite pas en savoir plus. Ce projet me donne accès à des spécimens complets de larves zergs, et j’ai observé des phénomènes qui ont déchaîné mon imagination. J’entrevois des possibilités de guérison pour la race humaine qui dépassent les rêves élaborés dans nos fictions les plus débridées.

T.A.
Précédent
Message du Dr. Ayers

Réactions


Personne n'a encore réagi. Soyez le premier.